Une Ă©quipe de recherche de ±ô’UniversitĂ© d’Ottawa, en collaboration avec ±ô’ et ±ô’, a observĂ© une transition quantique qui n’apparaĂ®t qu’en fonction de la façon dont on effectue les mesures.
La mĂ©thode scientifique repose en grande partie sur la capacitĂ© de mesurer avec prĂ©cision des donnĂ©es lors d’une expĂ©rience, pour ensuite les juxtaposer Ă des rĂ©sultats antĂ©rieurs. Les scientifiques conçoivent des appareils de mesure, ou des »ĺĂ©łŮ±đł¦łŮ±đłÜ°ů˛ő, qui leur permettent ensuite de quantifier prĂ©cisĂ©ment des propriĂ©tĂ©s physiques. Or, le « processus de mesure » soulève une question fondamentale et fascinante : le processus de mesure d’un paramètre modifie-t-il le système Ă©tudiĂ©? En physique, on estime souvent que ±ô’influence sur le système est nĂ©gligeable. Toutefois, on ne peut pas appliquer cette mĂŞme hypothèse en mĂ©canique quantique, la mesure en elle-mĂŞme pouvant exercer un effet considĂ©rable sur le système observĂ©.
DirigĂ©e par , professeur Ă la FacultĂ© de physique de ±ô’Institut des sciences Weizmann, et , ±ô’équipe a conçu un protocole sophistiquĂ© pour observer cette transition topologique dĂ©clenchĂ©e par la mesure. Le protocole consiste en une sĂ©quence cyclique de mesures Ă forces variables – allant de fortes Ă faibles – de ±ô’état de polarisation de photons Ă©mis par un laser. Leurs rĂ©sultats ont rĂ©vĂ©lĂ© que si la transition topologique reste intacte malgrĂ© la prĂ©sence d’imperfections dans le système et le processus, elle y est aussi sensible.
« Cette sensibilitĂ© se manifeste par des modifications importantes de ±ô’emplacement et de la forme de la transition, ce qui montre ±ô’équilibre fragile entre ±ô’intĂ©gritĂ© des systèmes et les influences externes dans des recherches scientifiques poussĂ©es de ce genre », explique le doctorant , qui a menĂ© ±ô’expĂ©rience au laboratoire de ±ô’Institut Nexus de technologies quantiques de ±ô’UniversitĂ© d’Ottawa.

En mĂ©canique quantique, il est admis que la fonction d’onde comprend la totalitĂ© de ±ô’état d’un système quantique. Pour Ă©tudier un Ă©tat, le système doit interagir avec un appareil de mesure, c.-Ă -d. un dĂ©tecteur, un Ă©lĂ©ment essentiel pour quantifier une propriĂ©tĂ© physique. Dans leurs laboratoires, les chercheuses et chercheurs de la scène quantique utilisent habituellement une technique appelĂ©e mesure projective. Ces mesures sont dites fortes puisqu’elles provoquent ±ô’« effondrement » de la fonction d’onde, qui se voit alors rĂ©duite Ă un Ă©tat prĂ©cis correspondant Ă ±ô’un de ceux de ±ô’appareil de mesure. Si le processus fournit des donnĂ©es, il modifie aussi ±ô’état quantique initial du système. Il est cependant possible d’élaborer un protocole de mesure qui n’influence que minimalement le système, mais qui entraĂ®ne alors un certain flou dans les mesures du dĂ©tecteur. C’est plutĂ´t par la rĂ©pĂ©tition des interactions que ±ô’on rĂ©ussit Ă recueillir des donnĂ©es sur le système; c’est pourquoi ±ô’on dĂ©signe les mesures de ce processus comme faibles. On peut dĂ©duire Ă partir de ces principes qu’il est possible de concevoir des protocoles faisant appel Ă des mesures dont ±ô’incidence va d’un extrĂŞme Ă ±ô’autre – fortes et faibles. Ce concept ouvre la porte Ă de nouvelles possibilitĂ©s d’étude des systèmes quantiques et de leurs interactions avec les appareils de mesure, marquant ainsi une avancĂ©e importante dans les techniques de mesure quantique.
Un aspect fondamental, mais plus discret, des phĂ©nomènes quantiques est leur lien profond avec les concepts de la topologie. Ă€ la base, la topologie est une branche des mathĂ©matiques axĂ©e sur ±ô’étude des propriĂ©tĂ©s invariantes ou Ă variations discontinues d’objets soumis Ă des dĂ©formations continues. Un exemple d’invariant est le nombre de trous dans des surfaces fermĂ©es : une sphère peut par exemple ĂŞtre soumise Ă un changement continu pour lui donner la forme d’un beigne, mais le nombre de trous changera abruptement de zĂ©ro Ă un lorsque deux points diffĂ©rents de la surface entreront en contact. Les invariants topologiques jouent un rĂ´le important dans plusieurs domaines de la physique moderne. Dans la prĂ©sente Ă©tude, les scientifiques ont observĂ© une transition topologique lorsque la force des mesures passait de forte Ă faible. Un autre concept mathĂ©matique est intervenu dans cette transition : la phase gĂ©omĂ©trique ou de Berry. Lorsqu’un Ă©tat quantique subit une Ă©volution cyclique, c.-Ă -d. qu’il revient Ă ±ô’état initial après une certaine pĂ©riode, il peut acquĂ©rir une phase « globale », simplement en raison de la courbure de ±ô’espace oĂą se produit ±ô’évolution. On peut observer cette phase avec interfĂ©rant dans ±ô’évolution de ±ô’état vers le retour Ă ±ô’état initial.
La portée de ces travaux va au-delà de la physique fondamentale. La transition s’étant révélée sensible à certaines caractéristiques du système quantique, elle pourrait être utilisée dans des applications de détection ou de caractérisation d’éléments optiques.
L’étude « » a été publiée dans la revue Science Advances le 24 novembre 2023.